Grandir avec une mère qui n’avait aucune pudeur : mes réflexions d’adulte
Je me lance aujourd’hui dans un sujet un peu personnel, mais je pense que ça peut résonner chez certains d’entre vous. Je voulais parler de ce que ça fait de grandir avec une mère qui n’a jamais eu la moindre pudeur. Et non, je ne parle pas de quelqu’un qui était juste à l’aise avec son corps – je parle de quelqu’un pour qui les limites personnelles, c’était du chinois.
Les souvenirs qui marquent
Dès mon plus jeune âge, j’ai grandi dans un environnement où l’intimité n’existait pas vraiment. Ma mère se promenait à moitié nue dans la maison sans se soucier de qui pouvait la voir, parlait de sa vie sexuelle devant moi et mes amis, et racontait mes moments les plus embarrassants à qui voulait l’entendre. À l’époque, je pensais que c’était normal. Après tout, c’était ma réalité.
Ce n’est qu’en grandissant que j’ai réalisé à quel point c’était… bizarre. Quand tes amis arrêtent de venir chez toi parce que ta mère leur raconte que tu suçais encore ton pouce jusqu’à tes premières règles, tu commences à te poser des questions.
L’apprentissage difficile des limites
Le plus dur dans tout ça, c’est que je n’ai jamais appris ce que c’était d’avoir des limites saines. Comment tu peux savoir ce qui est approprié ou pas quand ton modèle principal te montre l’inverse ? J’ai mis des années à comprendre que non, ce n’était pas normal de tout partager avec tout le monde, et que oui, j’avais le droit d’avoir une intimité.
Ça m’a pris encore plus de temps à apprendre à dire non. Quand tu grandis dans un environnement où tes limites personnelles ne sont jamais respectées, tu finis par penser que tu n’en as pas le droit. J’ai accepté tellement de situations inconfortables simplement parce que je ne savais pas que je pouvais refuser.
L’hypersexualisation et ses conséquences
Il y a un aspect dont je n’ai pas encore parlé, mais qui a marqué mon enfance et mon adolescence : l’hypersexualisation constante. Ma mère réduisait souvent les femmes à leur corps, leurs performances sexuelles, leurs « qualités » physiques. Elle commentait le corps des autres femmes, le mien aussi, d’une façon qui me mettait profondément mal à l’aise.
Ces commentaires ont fini par me donner des cauchemars. Littéralement. Je me réveillais en sueur après avoir rêvé de ces conversations, de ces regards, de cette façon qu’elle avait de tout ramener au sexe. J’ai développé une anxiété terrible autour de mon propre corps et de ma féminité.
Le pire, c’était les remarques de mes oncles qui avaient peur que je « vire comme elle ». Ces mots-là, ils m’ont marquée au fer rouge. J’avais cette terreur constante de devenir comme ma mère, de reproduire ces comportements qui me dégoûtaient. J’oscillais entre la honte d’être sa fille et la peur de lui ressembler un jour.
Les relations compliquées
Parlons peu, parlons bien : ça a foutu en l’air mes relations pendant longtemps. D’un côté, j’étais trop ouverte trop vite – je balançais ma vie privée dès le premier rendez-vous parce que j’avais grandi en pensant que c’était ça, la normalité. De l’autre, j’avais du mal à faire confiance parce que je m’attendais toujours à ce que mes secrets soient étalés au grand jour.
Et ne me lancez pas sur les relations amoureuses… Expliquer à un partenaire pourquoi tu paniques quand il veut rencontrer ta famille, c’est tout un art. « Ah oui, ma mère va sûrement essayer de te séduire et va te raconter tous mes échecs » – romantique, non ?
Le chemin vers la guérison
Heureusement, j’ai fini par comprendre que je n’étais pas condamnée à reproduire ces schémas. Ça a pris du temps, quelques thérapies, et beaucoup de remises en question, mais j’ai appris à établir mes propres limites. J’ai appris que c’était correct de garder certaines choses pour moi, que j’avais le droit à ma vie privée.
Le plus libérateur, ça a été de réaliser que je pouvais choisir ce que je partageais et avec qui. Que mon intimité m’appartenait, point final.
Ce que j’en retiens aujourd’hui
Aujourd’hui, j’ai appris à faire la différence entre manque de pudeur et être vulnérable et transparente. Le manque de pudeur, c’est imposer son intimité aux autres sans leur consentement, c’est ne pas respecter les limites – ni les siennes, ni celles des autres. Être vulnérable et transparente, c’est choisir consciemment de partager quelque chose de personnel dans un contexte approprié, avec les bonnes personnes, au bon moment.
Cette distinction a tout changé pour moi. Ça m’a rendue hyper consciente de l’importance du respect et des limites personnelles. Je suis devenue quelqu’un qui fait très attention au consentement dans toutes ses formes, et je pense que ça fait de moi une meilleure amie, une meilleure partenaire.
Mais surtout, ça m’a appris que ce n’est pas parce que quelque chose est « normal » dans ta famille que c’est sain. On a tous le droit à notre jardin secret, à nos limites, à notre dignité.
Pour ceux qui vivent ça
Si vous vous reconnaissez dans ce que je raconte, sachez que vous n’êtes pas seuls. C’est normal de se sentir confus, en colère, ou même coupable. Mais vos sentiments sont valides, et vous méritez d’avoir des limites respectées.
N’hésitez pas à chercher de l’aide si vous en ressentez le besoin. Parler à quelqu’un qui comprend peut faire toute la différence.
Voilà, c’était mon petit déballage du jour. Nos comportements d’adultes affectent vraiment la vision que les enfants ont d’eux et de ce qui est normale. On fait tous de notre mieux, mais des fois il faut aussi aller s’éduquer pour être encore mieux. J’ai un petit document accompagnateur si toi aussi, tu as des séquelles et tu cherches encore c’est quoi le standard.
Écris-moi si tu as des questions, je suis là.
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