Un témoignage sur l’injustice, les mensonges familiaux et la force de s’en sortir
Briser le silence
Il y a des histoires qu’on préfère garder pour soi. Des expériences qui restent enfouies derrière le voile du secret familial, de la honte, ou simplement parce qu’on pense que personne ne nous croira. Aujourd’hui, je choisis de briser ce silence pour parler de mon expérience avec la DPJ – une expérience qui m’a marquée à vie et qui illustre les failles d’un système qui devrait nous protéger.
Trois plaintes, un système défaillant
Trois plaintes. C’est le nombre de fois où l’école a dû faire appel à la Direction de la protection de la jeunesse. Trois cris à l’aide lancés dans l’espoir qu’enfin, quelqu’un me croie, qu’enfin, quelqu’un agisse. L’école voyait ce que les autres n’avaient pas le cran de rapporter.
Mais chaque fois, je me heurtais au même mur : les mensonges de ma famille.
Les intervenants arrivaient avec leurs questionnaires et leurs protocoles. Ma famille, elle, arrivait avec ses versions soigneusement préparées, ses demi-vérités et ses omissions calculées. Et moi, j’étais là, témoin impuissante de cette mascarade, voyant la vérité se déformer sous mes yeux.
Le règne de la peur et des menaces
Ma mère avait perfectionné l’art de la manipulation. Elle ne se contentait pas de mentir aux intervenants – elle menaçait. Tout le monde. Ceux qui auraient pu témoigner, ceux qui connaissaient la vérité, ceux qui auraient pu me soutenir. La peur était son arme de choix, et elle savait très bien s’en servir.
Comment un enfant peut-il lutter contre un système d’adultes unis dans le mensonge ? Comment peut-on faire entendre sa voix quand toutes les autres se liguent contre nous ?
L’écœurement face à l’injustice
Ce qui me reste de cette expérience, au-delà de la douleur et de la frustration, c’est un écœurement profond face à l’injustice. Un écœurement qui me prend aux tripes quand je repense à toutes ces fois où j’ai été confrontée à l’indifférence, aux regards qui se détournent, aux oreilles qui se ferment.
La DPJ est censée protéger les enfants. Mais que se passe-t-il quand le système lui-même devient complice, par négligence ou par manque de moyens, de ce qu’il est censé combattre ?
La force de s’en sortir
Finalement, j’ai compris que personne ne viendrait me sauver. Que si je voulais m’en sortir, il fallait que je trouve la force en moi. Il m’a fallu apprendre à me battre seule, à développer mes propres stratégies de survie, à construire ma propre voie vers la liberté.
Ce n’est pas l’histoire que j’aurais voulu vivre. Ce n’est pas le soutien que j’aurais dû recevoir. Mais c’est ma réalité, et je l’assume aujourd’hui avec une certaine fierté – celle d’avoir survécu, celle d’avoir trouvé la force de me sortir de cette situation toxique.
Pourquoi en parler maintenant ?
Si je partage cette expérience aujourd’hui, c’est parce que je sais que je ne suis pas seule. Combien d’enfants, d’adolescents, de jeunes adultes se retrouvent dans des situations similaires ? Combien voient leurs appels à l’aide ignorés ou minimisés ?
Il faut que les choses changent. Il faut que le système de protection de la jeunesse soit à la hauteur de sa mission. Il faut que les intervenants soient mieux formés pour détecter les mensonges et les manipulations. Il faut que les victimes soient mieux protégées contre les représailles.
Un message d’espoir
À tous ceux qui vivent des situations similaires, je veux dire ceci : votre vérité a de la valeur, même si on refuse de l’entendre. Votre douleur est légitime, même si on la minimise. Et surtout, vous avez en vous la force de vous en sortir, même quand tout semble perdu.
Le chemin sera peut-être long et difficile. Vous devrez peut-être, comme moi, apprendre à compter sur vous-même plus que sur les autres. Mais vous en êtes capable. Et un jour, vous pourrez regarder derrière vous et être fier du chemin parcouru.
En conclusion
Mon expérience avec la DPJ restera à jamais marquée par l’injustice et l’impuissance. Mais elle m’a aussi appris la résilience, l’autonomie et l’importance de ne jamais abandonner sa vérité.
Malgré le secret qui entoure trop souvent ces situations, il est crucial d’en parler. C’est en brisant le silence qu’on peut espérer faire évoluer les choses. C’est en témoignant qu’on peut aider d’autres personnes à se sentir moins seules.
Et peut-être qu’un jour, d’autres enfants n’auront pas à vivre ce que j’ai vécu.
