Lettre d’opinion : Les enfants, grands oubliés du système judiciaire

Dans notre système judiciaire, un silence assourdissant entoure ceux qui devraient être au cœur de nos préoccupations : les enfants. Alors que les tribunaux s’enlisent dans des batailles juridiques entre parents, les véritables victimes collatérales restent souvent dans l’ombre, leurs voix étouffées par la procédure.

La justice familiale souffre d’un paradoxe inquiétant. Bien que la doctrine juridique affirme placer « l’intérêt supérieur de l’enfant » au centre des décisions, la réalité pratique révèle une tout autre histoire. Les procédures interminables, les évaluations superficielles et le manque de formation spécialisée des intervenants judiciaires transforment ce principe noble en simple formule rhétorique.

Les avocats, formés pour défendre les intérêts de leurs clients adultes, se retrouvent pris dans une logique adversariale où gagner prime souvent sur le bien-être réel des enfants. Combien de fois avons-nous vu des procédures s’éterniser pendant des années, laissant des enfants dans l’incertitude pendant des périodes critiques de leur développement?

Les juges, malgré leur volonté de bien faire, disposent rarement du temps nécessaire pour comprendre en profondeur les dynamiques familiales complexes. Les audiences surchargées conduisent à des décisions précipitées, basées sur des évaluations parfois superficielles de la situation familiale.

Ce système défaillant se manifeste par plusieurs manquements flagrants :

  1. L’absence de voix directe pour les enfants dans les procédures qui déterminent leur avenir
  2. Des délais judiciaires incompatibles avec le temps de l’enfance
  3. Une formation insuffisante des professionnels judiciaires aux enjeux psychologiques propres à l’enfance
  4. Des ressources limitées pour les services d’évaluation et de suivi

Il est temps de repenser fondamentalement notre approche. Une justice véritablement centrée sur l’enfant exigerait des réformes substantielles : des représentants légaux formés spécifiquement pour défendre les intérêts des enfants, des procédures accélérées, et une formation approfondie de tous les intervenants judiciaires aux besoins développementaux et émotionnels des enfants.

Les enfants ne sont pas des enjeux dans un conflit entre adultes, mais des êtres humains à part entière dont l’avenir se dessine dans l’ombre des salles d’audience. Notre système judiciaire peut et doit faire mieux pour mériter pleinement la confiance que la société place en lui comme gardien de l’intérêt des plus vulnérables.